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Rub Al-Khali : Une éclipse dans le désert (Partie 1/2)

by Maxime Daviron

À la fin des années 2010, plusieurs éclipses solaires totales eurent lieu, notamment sur les deux continents américains. Depuis la France, je désespérais de ne pas pouvoir organiser un voyage pour aller les photographier – faute de moyens – et ainsi mêler mes passions pour l’astronomie et la photographie de paysage. Mais je gardais l’idée dans un coin de ma tête, attendant d’avoir l’opportunité de la réaliser. Cette opportunité se présenta finalement bien plus tôt que je ne l’avais imaginé, au cours de l’été 2019, quand je reçus un message de Frédéric Couzinier – “confrère” passionné d’orages – nous proposant à Camille (ma compagne) et moi-même de l’accompagner au Moyen-Orient pour photographier une éclipse dans le désert du Rub Al-Khali, aux Émirats Arabes Unis. L’accord était simple : Frédéric cherchait un accompagnateur pour ce voyage ainsi qu’une modèle pour les images qu’il avait en tête, et il s’avérait que nous collions respectivement à ces descriptions. En échange, il prendrait en charge une importante partie du voyage – et j’en profite d’ailleurs une fois encore pour le remercier de nous avoir offert cette occasion inespérée.

L’événement présentait plusieurs intérêts : d’abord, il s’agissait d’une éclipse annulaire, à savoir que la lune – alors à son apogée – apparaîtrait légèrement plus petite que le soleil, et laisserait ainsi filtrer un anneau brillant autour de son disque durant la phase de totalité au lieu de l’occulter complètement. Le second intérêt, majeur, était l’horaire de l’éclipse : au moment du lever du soleil, au matin du 26 décembre. Enfin, l’intérêt le plus évident était le lieu où l’événement allait prendre place : au cœur du désert d’Arabie.

Il ne restait plus qu’à décider sur les dates précises afin de nous laisser suffisamment de temps pour trouver le lieu parfait : nous allions donc partir du 18 au 27 décembre, et consacrer une semaine entière à l’exploration des différentes régions du désert. En attendant, nous n’avions plus qu’à scruter cartes et images satellites.

• 18 décembre | Jour 1

Les jours précédant le départ, d’exhaustives checklists s’allongent encore et encore : impossible d’oublier du matériel. Les cases se cochent les unes après les autres jusqu’à l’aube du 18 décembre. Quelques heures plus tard, nous entassons nos valises sur le tapis roulant du guichet d’enregistrement. Le premier vol doit nous emmener de Toulouse à Istanbul, d’où nous prendrons second vol de nuit jusqu’à Abu Dhabi.

À 16 h locale, le détroit de Bosphore apparaît en dessous de nous. De lointaines montagnes enneigées pointent dans une brume bleutée sur l’horizon de la Mer Noire alors que nous amorçons l’atterrissage. Après une nouvelle phase d’attente, nous embarquons de nouveau, peu avant 20 h. Alors que je scrute la carte du vol, je constate que nous évitons soigneusement de survoler la Syrie et l’Irak, préférant traverser l’Iran. Effectivement, des noms familiers s’affichent sur l’écran, distants de quelques centaines de kilomètres : Racca, Mossoul, Bagdad… D’autres, inconnus, attirent mon attention : nous passons presque à la verticale d’un sommet, le Qash-Mastan, haut de 4409 mètres, invisible dans la nuit. En regardant au sud, je ne perçois que d’infimes et rares îlots de lumières brillant ici et là dans la noirceur nocturne qui enveloppe les montagnes iraniennes.

Les heures passent. Alors que je perds de nouveau mon regard dans l’obscurité extérieure, une vision irréelle se détache de l’horizon : une demi-lune rouge sang, parallèle à l’horizon, s’élève lentement. Son étrange position est due à notre latitude : si loin au sud, le dépaysement est également astronomique.

À l’extrémité orientale de l’Iran, l’image satellite affiche une succession de canyons découpés, dans la région de Dozgah – les Monts Zagros. Tout ici m’est inconnu, et je ne peux que tenter d’imaginer ces montagnes arides. Mais je suis bientôt tiré de ma torpeur : enfin, nous atteignons le littoral du golfe Persique. Quand nous rejoignons l’autre rive, l’obscurité cède finalement sa place à une myriade de lumières artificielles : Abu Dhabi.

• 19 décembre | Jour 2

Il est 1 h 15 quand nous touchons le tarmac. Après avoir passé la douane dans un état mêlé de stress et d’excitation, nous récupérons un forfait téléphonique et notre véhicule pour une dizaine de jours, un puissant 4×4 flambant neuf. Après avoir entassé valises et matériel à l’intérieur, nous prenons directement la route pour notre première destination avant le désert : Dubaï.

Les premiers éléments de dépaysement nous apparaissent alors que nous empruntons l’autoroute. Bordée de palmiers, entièrement éclairée et plus large encore que celles des États-Unis, celle-ci doit nous mener en moins d’une heure et demie aux abords de l’invraisemblable mégapole. Sur le trajet, une atmosphère étrange règne. Dans la chaleur moite de ce qui est censé être une nuit d’hiver, une pluie fine tombe par intermittence, ruisselant vers le haut du pare-brise manifestement traité pour ne pas avoir à utiliser les essuie-glaces. Nous dépassons de nombreuses mosquées illuminées de couleurs vives, et entrons dans les limites extérieures de Dubaï – dont la zone urbaine, peuplée de plusieurs millions d’habitants, s’étale sur près de 80 km.

Nous scrutons à l’horizon l’interminable skyline de gratte-ciels hétéroclites, quand soudain, dans le noir, des clignotements particulièrement élevés retiennent notre attention. Nous discernons enfin la silhouette que nous guettions depuis quelques minutes: la plus haute construction humaine jamais bâtie, la Burj Khalifa et ses 828 mètres.

Si Dubaï et son exubérance représentent tout ce qui m’écœure dans le capitalisme débridé, son architecture en tant que telle vaut sans aucun doute le détour que nous faisons. De notre périphérique à deux fois huit voies, nous observons les mastodontes de verre et d’acier se rapprocher peu à peu, jusqu’à nous surplomber totalement. Rapidement, nous atteignons l’hypercentre, et le pied de la tour de près d’un kilomètre que nous voulons voir de plus près.

En fin de nuit, nous nous garons au hasard dans un quartier résidentiel huppé, à deux kilomètres de marche de la Burj Khalifa. La ville est en constante évolution, et plusieurs ébauches de grattes-ciels s’élèvent, surplombés de dizaines de grues juchées sur leurs sommets provisoires.

Il est plus de 5 h du matin, nous venons de quitter l’hiver européen pour le climat aride du Moyen Orient. Tout autour de nous, dans la petite rue où nous nous sommes arrêtés, de hautes résidences couleur de sable se dressent derrières de hauts murs masquant des jardins luxuriants. Dans l’un d’eux, un coq chante inlassablement la lente approche de l’aube, rejoignant les grillons et les oiseaux exotiques pour créer un contraste sonore irréel en parfaite opposition à la symphonie encore murmurée de la mégapole arabe.

Nos regards se portent de nouveau vers le plus haut bâtiment du monde, et nous amorçons notre marche hasardeuse dans cet univers où tout n’est pensé que pour ces voitures de luxe qui s’alignent de chaque côté de la rue. Nous quittons la zone pavillonnaire et marchons en direction du centre, arrivant en quelques minutes sous le périphérique, dont même les piliers des ponts sont sculptés de motifs orientaux. Nous traversons en plusieurs fois l’une des larges artères d’asphalte qui font le tour de l’hypercentre, et mettons plusieurs essais à frayer notre chemin dans ce titanesque dédale. Aucun trottoir ne borde l’avenue dans laquelle nous nous engageons, et nous devons longer le rebord en béton qui la délimite pour rejoindre finalement une zone piétonne gravitant autour du Dubaï Mall – quant à lui le plus grand centre commercial au monde. Sous ce monstre de béton, des dizaines de bus rouillés amènent, à l’abri des regards, des centaines d’ouvriers dans un ballet ininterrompu au cœur de la ville. Spectacle amer, mais réalité pourtant évidente que celle de l’exploitation humaine sur laquelle repose entièrement les fondations du système économique permettant les extravagances architecturales qui nous entourent.

Nous empruntons alors un dernier passage menant au grand bassin situé au pied de la tour, et découvrons enfin cette dernière dans son intégralité. Je repense à New York et aux autres mégalopoles nord-américaines… Les dimensions ici sont tout autres. Le mot “immense” peinerait à retranscrire ce que même le grand angle que j’utilise ne peut capter en une seule fois.

Alors que nous explorons chacun de notre côté les abords du lac, résonne pour la première fois depuis notre arrivée une mélodie qui nous accompagnera jusqu’à notre retour : l’Adhān, l’appel à la prière. L’atmosphère déjà surréaliste se charge d’une nouvelle couche d’onirisme mélodique alors que le chant du muezzin résonne tout autour de nous.

Nous contournons le lac pour approcher du pied de la Burj Khalifa. Le vertige n’en est que plus immense.

Autour du bassin central, les restaurants et magasins de luxe se comptent par dizaines. Alors que mon regard se porte sur une enseigne connue, une scène particulièrement allégorique capte mon attention.

La nuit touche bientôt à sa fin. De grands projecteurs illuminent soudain la tour et les nuages qui s’ouvrent peu à peu, découvrant l’astre qui nous a mené ici, et que je contemplais, encore rouge, quelques heures plus tôt au-dessus de l’Iran.

La fatigue nous rattrape alors que la lumière regagne peu à peu le ciel. Notre solitude prend fin, la place s’anime déjà, les enseignes s’allument et le silence relatif qui précédait se perd dans un brouhaha naissant. C’est la fin du calme.

À 7 h, le muezzin annonce par un nouveau chant le lever du soleil. Nous amorçons notre marche de retour. Quand nous repassons sous le périphérique, nous croisons de nouveau les cars anonymes qui convoient les travailleurs dans le centre ou hors de ses limites. Le soleil se lève dans une atmosphère orange et embrumée.

Nous retrouvons notre 4×4 et quittons l’hypercentre. Alors que nous nous engageons sur une bretelle de l’autoroute, un ouvrier balaie le sable le long des rues. Demain, le vent en apportera de nouveau, et les Sisyphes invisibles qui entretiennent la ville poursuivront sans discontinuer leur labeur inlassable.

Je m’éloigne du centre avec cette amertume familière que je ressens dans chacune des métropoles surdimensionnées où je mets les pieds, et j’ai hâte d’aller enfin trouver le désert.

Mais avant cela, il nous faut désormais parcourir la vaste périphérie de la ville pour nous approvisionner en vivres pour compléter les lyophilisés que nous avons déjà dans nos valises. Nous parcourons des zones en construction où des forêts de grues s’érigent jusqu’à l’horizon dans un smog jaune et poussiéreux. Le désert aplani ressemble ici à un gigantesque terrain vague où sont semées les fondations de milliers de bâtiments futurs. Au loin, à travers la brume atmosphérique, la silhouette invraisemblable de la Burj Khalifa émerge de la skyline de Dubaï comme d’une œuvre de science-fiction.

Avant de repartir vers Abu Dhabi, nous voulons explorer la partie la plus populaire, foisonnante et cosmopolite de Dubaï. Sans surprise, s’y garer s’avère être un calvaire. Quand nous y parvenons, nous traversons tant bien que mal un souk et longeons la rivière où se pressent des dizaines de bateaux-taxis. Le fourmillement humain est ici d’autant plus épuisant que notre dernière minute de sommeil est déjà bien lointaine. Nous quittons le souk et empruntons de petites ruelles pour retourner à notre voiture.

En début d’après-midi, nous effectuons nos derniers achats de matériel pour le désert et reprenons la route d’Abu Dhabi. Les seize voies du périphérique, désertes en milieu de nuit, sont désormais bondées, et il nous faut slalomer entre les SUV, les voitures de luxe et les innombrables camionnettes usées pour nous frayer un chemin hors de la ville tentaculaire.

Le soir même, nous avons prévu de passer une nuit dans un hôtel situé à l’extérieur d’Abu Dhabi. Après avoir récupéré nos clés – non sans stress, car prendre une chambre commune est théoriquement interdit pour les couples non mariés, bien que la pratique dans les hôtels de cette envergure soit heureusement tolérée pour les étrangers – nous achetons de quoi nous faire un repas correct le soir, et allons nous reposer brièvement.

En fin de journée, nous nous dirigeons vers la Grande Mosquée, que nous voulons admirer au soleil couchant. Mais alors que nous approchons d’un parking, on nous fait signe de prendre un autre itinéraire, et nous finissons malgré nous dans l’immense parking souterrain situé sous la mosquée elle-même. En voulant en sortir à pied, il s’avère que nous ne pouvons accéder aux parcs extérieurs, et nous nous retrouvons par hasard à l’intérieur même du lieu de culte. Les couleurs du couchant soulignent le marbre blanc qui recouvre l’édifice.

Nous y découvrons cette fois des records plus insolites : le plus grand tapis et le plus grand lustre au monde… Les dimensions des salles et des cours ne sont pas en reste. Malheureusement et sans surprise, un flot de touristes se presse avec nous le long de l’itinéraire autorisé, alors nous ne nous attardons pas et laissons derrière nous les ornements travaillés qui tentent de faire oublier que la mosquée n’a en réalité été terminée qu’en 2007.

Nous regagnons nos chambres à l’hôtel, cuisinons un dernier repas vaguement élaboré et, enfin, trouvons le sommeil après plus de quarante-cinq heures d’éveil ininterrompu. Ce sera notre dernière nuit dans un lit avant plus d’une semaine.

• 20 décembre | Jour 3

Avant le lever du soleil, nous rendons les clés et prenons enfin la route vers le sud, en mettant le cap dans un premier temps sur la région de Liwa, secteur le plus célèbre du désert émirati. Au nord et à l’ouest, des nuages légèrement instables subsistent timidement. Nous sortons de la zone péri-urbaine d’Abu Dhabi et prenons la Hameem Highway droit vers le sud.

Aux abords de la ville, le désert est encore un horizon de sable plat et infini, traversé par de nombreuses pistes empruntées par des dizaines de camions. Quand ces derniers ou de vieux pick-up croulants roulent sur notre highway, ils restent continuellement sur la bande d’arrêt d’urgence pour ne pas “gêner” les voitures qui filent à quatre fois leur vitesse, habitude surréaliste qui dénote des règles implicites qui régissent les routes du pays. Quelques dizaines de kilomètres plus loin, un grand panneau attire notre attention : “Worksman Residence”. C’est d’ici que vont et viennent les bus de travailleurs, maintenus isolés dans un gigantesque camp à l’écart de la ville… Un peu plus loin, une odeur de plastique brûlé nous surprend, et nous ne tardons pas en en comprendre la provenance en voyant surgir dans une descente une immense décharge de pneus à ciel ouvert, manifestement brûlés au fur et à mesure… Mais l’amertume de ces visions consternantes laisse tant bien que mal place aux premières dunes.

En quelques kilomètres, nous nous retrouvons cernés d’infinies vagues de sable aussi loin que porte notre vue. Le Rub Al-Khali se dévoile enfin. J’imagine avec peine le défi pratiquement impensable que devait être sa traversée, aujourd’hui presque impossible compte tenu des régions par lesquelles il faudrait passer et des frontières closes. Plus d’une heure plus tard, les dunes s’étalent toujours à perte de vue, et deux heures après notre départ, celles-ci gagnent soudain en altitude face à nous : nous arrivons dans l’oasis de Liwa.

Après une courte halte, nous entrons au cœur des palmeraies qui encerclent en un croissant d’une centaine de kilomètres la région des hautes dunes du sud. Nous longeons celles-ci en direction de l’ouest, et finissons par repérer sur le satellite la première piste en sable que nous devons emprunter afin d’aller repérer une zone potentiellement idéale pour l’éclipse. Après quelques hésitations sur le chemin à prendre, nous débouchons enfin en plein désert.

Un quart d’heure plus tard, notre progression est brutalement interrompue : une barrière ferme la piste qui continue ensuite dans des champs pétrolifères. Nous faisons demi-tour et nous dirigeons vers de nouveaux secteurs. Nous contemplons ce décor qui va nous être familier pendant une semaine.

Un peu plus loin, des silhouettes attirent notre attention, au milieu de la piste. Les premiers chameaux du voyage – plus précisément des dromadaires, qui sont en réalité une espèce de chameaux à part entière. Nous faisons une brève halte pour voir de plus près ces animaux débonnaires et curieux.

Nous remettons le cap à l’est sur la route de Liwa avant de bifurquer de nouveau plein sud, cette fois sur une autre route bitumée, traversant de grands replats entre de hautes murailles de dunes oranges. Parfois, dans les cuvettes arides au pied de ces dernières, quelques arbres se dressent au milieu du sable comme de lointains mirages.

Nous poursuivons vers le sud sur une route balayée par des rafales de sable en direction d’un secteur potentiellement intéressant.

À midi passé, nous nous arrêtons au pied des dunes et installons le réchaud pour faire chauffer notre premier repas. Nous observons les détails du désert dont nous apprivoisons peu à peu le contact. Au sol, de petites roses des sables affleurent à la surface du sable. Dans les combes légèrement ombragées, quelques buissons bravent la sécheresse, attirant vers eux de nombreux animaux à en juger par la profusion de traces qui les entoure.

À 13 h, nous nous équipons pour notre première marche au cœur des dunes et commençons l’ascension sur le flanc de l’une d’elles. Une dizaine de minutes plus tard, nous perdons la route de vue et ne subsistent nulles traces humaines autres que celles de nos pas. Nous grimpons jusqu’au sommet d’une petite crête en surplomb. En y parvenant, j’ai presque le souffle coupé devant cette vision. C’est un océan de sable qui se dévoile, une masse infinie de vagues figées et titanesques, une surface aux subtiles textures et nuances de couleurs chaudes, découpée par une lumière filtrée par les nuages qui défilent dans le vent. Ses rafales projettent sur les arêtes des dunes des milliers de ces grains qui composent le désert, recouvrant nos pas et fouettant nos chevilles. Nous ne pouvons que contempler.

Parfois, à l’abri d’un creux, une fraction de cette infinité de strates accumulées au fil des millénaires se découvre à nos yeux.

Nous passons une heure à explorer les environs, découvrant la surprenante dureté du sable dans lequel nous pensions nous enfoncer constamment. En réalité, nous marchons souvent presque sans traverser sa surface, ne nous enfonçant réellement que dans les pentes inclinées. Nous finissons, rassasiés de dunes, par reprendre le chemin du retour. Ici et là nous croisons de minuscules pousses de buissons naissants, dont les graines devaient attendre depuis longtemps les rares pluies qui ont précédé notre arrivée dans le pays.

Une fois de retour au 4×4, nous décidons de poursuivre cette route jusqu’au bout. Quand nous y arrivons, nous comprenons rapidement qu’aller plus loin n’est pas une option : des militaires lourdement armés ainsi qu’une Jeep surmontée d’une mitrailleuse nous barrent la route et nous jettent des regards hostiles. Nous leur faisons signe que nous faisons demi-tour – sans demander notre reste – et décampons. Ce qu’ils protègent, c’est une gigantesque usine d’extraction de sulfure d’hydrogène, cachée dans le désert.

Nous nous dirigeons donc de nouveau vers l’oasis de Liwa, et explorons brièvement un autre secteur avant d’y retourner. En fin d’après-midi, nous avons regagné la route principale et roulons vers l’est quand j’aperçois une petite piste partant dans les dunes en direction d’un village. Nous décidons de voir où elle mène, et après avoir passé plusieurs “bancs de sable” en travers du chemin, nous nous arrêtons au sommet d’une côte où la vue s’ouvre vers le sud. La lumière de cette journée qui s’achève et la présence de nuages légèrement convectifs magnifient le grand erg qui nous fait face. Nous prenons peu à peu la mesure de l’immensité du désert d’Arabie.

Après avoir repris la piste, nous laissons à notre gauche un petit village aux abords duquel une antilope grappille les rares touffes d’herbe qu’elle peut trouver. Nous continuons vers la droite, dépassant l’élevage de dromadaires d’un berger isolé – ce qui, ici, est un pléonasme – et arrivons finalement dans une petite vallée encerclée par de hauts massifs de dunes. Une nouvelle fois, chacun part explorer les environs de son côté.

Une demi-heure plus tard, je propose d’avancer la voiture, restée garée à l’entrée de la combe qui prolonge la vallée, pour bivouaquer sur place. Le vallon, légèrement en contrebas, a l’avantage d’être parfaitement abrité, et de surcroît entouré de secteurs hautement photogéniques. Mais un petit obstacle nous fait hésiter : une descente abrupte dans le sable, dont nous ne savons pas si nous pourrons la remonter en sens inverse. Après réflexion, d’autres véhicules ayant manifestement emprunté ce passage, Frédéric y descend le 4×4 pendant que je reste à l’extérieur pour vérifier la trajectoire, qui se déroule finalement sans encombre – nous apprivoisons encore le véhicule et ses capacités, qui ne cesseront de nous étonner tout au long du voyage.

Au bout du vallon, nous nous arrêtons sur une sorte de petit col au pied du plus haut massif, situé au sud, à notre gauche. Il est 17 h, et le soleil amorce son déclin vers l’horizon. Je grimpe à flanc de la petite montagne de dunes pendant que Frédéric descend au départ de la grande vallée que nous dominons, à l’ouest. Les textures et les couleurs du sable sont différentes ici, et des taches rouges s’éparpillent çà et là. À y regarder de plus près, les sables, de différentes compositions, sont disposés différemment, triés par les vents selon leurs densités.

Un peu plus haut, je découvre un étrange creux aux allures de cratère martien. Quelques rochers affleurent de sa surface, et une coulée vermillon recouvre ses parois. Au-dessus de l’horizon le soleil continue sa lente descente, ajoutant à ce décor d’une autre planète une lumière rougissante et diffuse.

Camille m’a rejoint et s’avance sur la crête opposée du « cratère », apparition humaine détonnant avec cet univers primitif et sauvage.

Le vent s’est levé de nouveau, et un soleil rouge et partiellement voilé plane de plus en plus bas sur le champ de dunes.

Le disque solaire disparaît, et les couleurs du crépuscule se propagent peu à peu. Je décide de grimper vers le sommet du massif, alors que la tombée du jour estompe les reliefs.

Après un certain temps, j’approche finalement du sommet, mais y monter serait trop long, et la nuit s’empare rapidement du désert. Alors que je réalise quelques dernières images, le bruit du vent semble se muer en une étrange complainte… Il me faut quelques instants pour prendre conscience de son origine : du village que nous avons passé quelques heures plus tôt émane le lointain écho de l’appel à la prière, comme flottant dans l’air, porté par le vent, enveloppant mystérieusement les dunes. Le temps semble se suspendre tandis que la lumière se retire du ciel.

Quand le chant s’arrête, je reviens à ma réalité : il fait sombre désormais, je me suis laissé surprendre par la tombée de la nuit, plus rapide à mesure que l’on s’approche de l’équateur. Il me faut redescendre le dédale que j’ai grimpé un peu plus tôt. Je slalome dans les combes en suivant tant bien que mal les traces que j’ai laissées, butant parfois contre une remontée que je pensais être plate, la notion des reliefs ayant disparu avec le jour. Tant bien que mal – sans la frontale que j’ai évidemment laissée dans mes affaires – je rejoins finalement la voiture, seul phare dans l’obscurité naissante.

Nous redescendons quelques dizaines de mètres plus bas, dans le creux du vallon, et montons les tentes sous les étoiles. Une fois le bivouac installé, nous faisons chauffer l’eau pour nos repas du soir, échangeant sur nos premières impressions de cette grandiose région de Liwa. L’Adhān résonne une fois encore, harmonie parfaite avec le désert d’Arabie qui nous entoure.

Alors que la nuit noire s’est rapidement installée, je fais quelques pas pour m’éloigner du campement. Le vent est tombé lui aussi, et une poignée d’étoiles filantes de la pluie des Géminides tracent furtivement leurs lignes à l’est. Seules nos lumières artificielles illuminent le désert, projetant nos silhouettes en ombres chinoises sur la paroi qui nous borde.

À la lueur de nos frontales, nous découvrons de nombreuses traces d’antilopes et une étrange araignée blanche sur l’un des pneus du 4×4. Les moindres détails sont désormais un dépaysement, un inconnu exotique auquel nous allons progressivement nous habituer à force d’immersion permanente.

Quand nous gagnons nos tentes, notre ouïe s’exacerbe elle aussi pour capter les sons nouveaux qui nous entourent. Au cœur de la nuit, les cris lointains d’un chacal résonnent dans le silence de la vallée.

21 décembre | Jour 4

La lumière ne cesse de modifier ma perception du désert. À l’aurore, j’émerge de mon duvet et fais quelques pas sur le sable frais, découvrant les mêmes reliefs dans une réalité différente, celle du petit matin. Les courbes et les textures sont lissées, les couleurs sont adoucies. Là encore, selon que mon regard se porte vers le soleil ou à son opposé, deux visions des dunes se distinguent nettement.

Le soleil jaillit de derrière le massif que j’avais grimpé la veille, et le vallon s’illumine lentement. Je découvre des dizaines de traces nouvelles : ongulés, oiseaux, canidés, mammifères divers…

Quand la lumière atteint les tentes, Camille se réveille à son tour et nous déjeunons tous les trois en discutant de la journée qui nous attend. Nous devons quitter Liwa pour rejoindre l’est du pays en passant par le sud, frôlant l’Arabie Saoudite dont nous sommes déjà proches d’une trentaine de kilomètres.

À partir de maintenant c’est à mon tour de prendre le volant, que je garderai jusqu’à la fin du voyage – Frédéric se concentrant sur les cartes pour le guidage. Nous retournons donc vers le passage incliné que nous avions craint la veille, et le grimpons finalement sans encombre. Après avoir quitté les grandes dunes et regagné la route, nous entamons un itinéraire plus sinueux à travers le sud-est de Liwa. Des barrières ferment le désert autour de nous, et après avoir croisé les vestiges d’une ancienne ville fortifiée, nous commençons à voir des panneaux annonçant “Oil Fields” (champs pétrolifères), ce qui n’est pas bon signe. De cette route, nous ne savons presque rien mis à part qu’elle ne figure pas sur toutes les cartes, et qu’elle doit traverser deux checkpoints différents. Nous finissons rapidement par tomber sur l’un deux, au niveau d’une bifurcation. À droite, la route est coupée par du sable et son accès est interdit par un panneau de chantier, et à gauche une barrière ferme les clôtures, le tout défendu par une petite guérite. Cette seconde route traverse les champs de pétroles, et son accès nous est évidemment impossible. Nous échangeons tout de même avec le gardien pour tenter de comprendre pourquoi nous ne pouvons pas prendre la première route, mais il ne peut que nous dire à plusieurs reprises dans un anglais approximatif “This road not to go”. Le message est clair.

Nous voilà donc bloqués, et nous commençons à nous demander si le secteur qui nous intéresse le plus n’est pas purement et simplement verrouillé. Quoi qu’il en soit, nous sommes contraints de faire demi-tour. Le GPS ne nous propose qu’un détour aberrant remontant jusqu’à Abu Dhabi puis Al-Aïn, avant de bifurquer plein sud, le long de la frontière avec l’Oman. Heureusement, en épluchant l’image satellite Frédéric découvre la solution la moins longue – plusieurs heures tout de même. Il nous faut retourner à l’oasis de Liwa, reprendre la Hameem Highway vers le nord, puis bifurquer à l’est sur une longue piste traversant le désert sur près de quarante kilomètres, avant de récupérer une longue route bitumée jusqu’à une minuscule ville, Al Qua’a, d’où, enfin, nous n’aurons plus qu’à filer au sud en longeant l’Oman.

Il ne faut pas traîner pour ne pas perdre davantage que la demi-journée que nous coûte ce détour. Nous traçons plein nord, et vers 11 h 15, nous atteignons l’embranchement avec la piste partant à l’est. Nous jaugeons son état, mais celle-ci semble assez large et fréquentable, finalement une véritable petite highway de sable – quoi que nous n’y croiserons pas plus de deux véhicules en tout. Nous nous engouffrons à travers une région plus plate du désert, où de minuscules dunes ondulent tranquillement à perte de vue. Quelques minutes après, nous faisons une courte halte dans ce cadre nouveau, sous un soleil de plomb. Ici, pas l’ombre d’une clôture pour entraver le désert.

La piste étant bien tassée, la conduite est sereine, et nous pouvons rouler assez vite. Une heure plus tard, les roues agrippent de nouveau l’asphalte, et nous nous arrêtons un peu plus loin pour manger en bord de route. Vision surprenante : de rares arbres réussissent à survivre entre les dunes qui nous entourent.

Encore une heure de route plus tard, et nous atteignons la petite ville d’Al Qua’a, la seule au milieu d’une bande de 200 km entre Al-Aïn et la frontière de l’Arabie Saoudite – à la limite sud des Émirats. À quelques kilomètres voire quelques centaines de mètres à peine plus à l’est, la frontière de l’Oman ferme la région. Quand nous arrivons au village, un panneau indique le passage du tropique du Cancer. Sans le savoir, nous l’avions déjà dépassé à Liwa, et une nouvelle fois nous basculons au sud de son invisible démarcation.

Le secteur qui nous intéresse est une région du Rub Al-Khali émirati que les rares cartes disponibles nomment “Al Manadir”. Une frange d’une centaine de kilomètres de long située entre Al Qua’a au nord et l’Arabie Saoudite au sud, et d’une trentaine de kilomètres de large entre une grande plaine de sable à l’ouest et l’Oman à l’est. Sa topographie est singulière : d’ouest en est s’y succèdent de longues bandes de hautes dunes entrecoupées de vallées plates dans lesquelles nous espérons pouvoir circuler, nous facilitant ainsi l’approche des zones les plus intéressantes.

Nous continuons notre avancée vers le sud, ne croisant plus que des panneaux écrits en Arabe – signe attestant du néant touristique total qu’est cette région du pays. Nous dépassons plusieurs vallées partant à droite, et nous retrouvons alors face à celle que nous devons explorer. Une barrière ferme son entrée, mais cette fois-ci elle ne sert qu’à éviter que les dromadaires s’échappent, et s’ouvre automatiquement quand nous en approchons. Nous pénétrons dans la vallée, ponctuée pour l’instant de dizaines de minuscules fermes, et je me dirige instinctivement vers ce qui se rapproche le plus d’une piste – à vrai dire une succession de traces ayant creusé le terrain au fil des ans. Frédéric me guide de traces en traces grâce au satellite, et nous nous arrêtons une dizaine de kilomètres plus loin, en bordure de la chaîne de dunes qui ferme la vallée au nord.

Vue satellite de la vallée ainsi que de nos différents trajets.

Nous marchons en direction d’immenses dunes rouges. Une carcasse de chameau indique l’entrée du dédale qui serpente entre les hauts sommets de sable, dans lequel nos pieds s’enfoncent légèrement cette fois-ci. Camille et moi explorons un secteur d’où s’élève une dune en “Z”, plus haute que toutes les autres.

Nous suivons de curieuses traces au sol. De longs doigts crochus formant d’étranges petites mains, avec au centre la traînée de ce qui doit être une queue. Manifestement un lézard. Nous décidons de nous lancer à sa recherche. Sa trace serpente dans les creux et s’enroule autour des touffes d’herbes et branches mortes. Parfois, elle donne sur de minuscules cavités vraisemblablement creusées pour trouver la fraîcheur du sol, mais celles-ci sont toujours vides. Nous finissons par revenir sur nos pas en direction du 4×4, et découvrons à quel point l’animal est meilleur traqueur que nous : ses traces recouvrent désormais les nôtres. Nous ne sommes manifestement pas prêts de mettre la main dessus, et continuons de longer les parois ombragées jusqu’à la sortie du massif.

Le 4×4 est garé à proximité d’une petite ferme isolée. Un chameau, une cahute, des enclos sommaires. Je peine à imaginer la vie ici, dans un environnement dénué de presque tout ce qui la rend théoriquement possible.

Frédéric revient de son propre repérage, et nous reprenons notre exploration de la grande vallée, que nous traversons désormais en hors piste. Il y a quelque chose de jouissif à rouler librement au beau milieu d’une telle immensité ; mais je dois rester concentré, les creux et les bosses n’étant pas rares et mettant à rude épreuve les amortisseurs du véhicule quand on les heurte à grande vitesse – sans mentionner le fait qu’à l’arrière, Camille a une expérience moins amusante de ces chocs quand ils se produisent, le matériel entassé s’envolant parfois un peu trop haut…

Les fermes à chameaux se font de plus en plus rares à mesure que nous nous enfonçons dans la vallée. Nous traversons une première barrière de petites dunes via une trace particulièrement sinueuse, slalomant pendant quelques minutes avant de déboucher de nouveau dans la plaine. Deux kilomètres plus loin, une nouvelle bande de reliefs de quelques mètres de haut nous impose un rallye en zigzag donnant cette fois sur un fragment de vallée de trois kilomètres de long sur un kilomètre et demi de large.

Nous nous arrêtons le long de l’un des massifs qui coupent ce secteur, et marchons au sommet d’une crête le ceinturant pour contempler le panorama qui s’offre à l’est.

Alors que nous remontons le vallon vers le nord pour trouver un passage nous permettant de continuer à l’ouest, nous passons quelques rubans de sable d’un à deux mètres de haut et longeons ce qui s’avérera être la toute dernière ferme – la plus isolée.

Au pied de la haute muraille nord, nous virons de nouveau plein ouest, et suivons la piste qui nous permettra de passer cet ultime obstacle. Je dois slalomer sur l’échine aplatie des dunes, parfois à flanc d’un dévers vaguement inquiétant ; mais le 4×4 possède un mode spécial pour le sable, et se débrouille sans encombre dans ce dernier passage scabreux.

Soudain, le passage se termine et nous touchons de nouveau la croûte de gypse sablonneux qui constitue le sol de la plaine. Nous émergeons dans ce que je nommerais dans mes notes la “Vallée Cachée” : une plaine immense, encerclée au nord et au sud par des forteresses de sable, fermée à l’ouest et à l’est par des massifs plus modestes tels que celui que nous venons de franchir.

Dans la lumière dorée de la fin d’après-midi, nous traversons cette étendue en ligne droite, roulant à vue jusqu’à un îlot de petites dunes situé en son centre. La route – si l’on peut dire – s’arrête finalement ici pour cette deuxième journée d’exploration. Je coupe le contact, et nous sortons découvrir l’espace qui nous entoure.

Je prends ici un peu plus conscience de l’ampleur sauvage du Rub Al-Khali. Le “Grand Quart Vide”, 650.000 km² de sable ininterrompu au cœur du désert d’Arabie, 2.330.000 km² de terres arides. Des températures excédant 55°c au plus fort de l’été, l’eau elle même atteignant parfois 38°c dans le Golfe Persique – un record, là aussi. Un écosystème ne comportant pas plus d’une vingtaine d’espèces végétales, et guère plus d’espèces animales – que l’on ne croise presque jamais malgré l’omniprésence de leurs traces. Ne subsistent ici que les légendes de cités perdues, de peuples oubliés.

Je marche sur les petites dunes l’esprit aux aguets et les sens à l’affût, sentant sous mes pieds les textures nouvelles d’un sable différent, cette fois semblables par endroits à une sorte de pâte à modeler friable. Tandis que je contemple ce paysage, les ombres s’étirent et les couleurs s’intensifient.

Une fois que le soleil a basculé sous l’horizon, les couleurs changent de nouveau. Elles gagnent en nuances à mesure que le crépuscule s’empare du ciel, réfléchissant sur le sable une lueur de plus en plus saturée, et après s’être lissés pendant un temps, les moindres reliefs s’exacerbent avant la nuit.

Comment ne pas prendre la mesure de l’isolement ? Il est ici total : géographique, culturel, démographique… Nous sommes à 5500 kilomètres de chez nous, à 4 h de route de la première ville et des dizaines de kilomètres du village le plus proche ; dans un pays qui nous est inconnu, où chaque détail peut être une découverte. Directement autour de nous, il n’y a rien d’autre que les mille sculptures du sable, qu’elles rasent le sol où dépassent les 300 mètres au-dessus de la plaine.

Frédéric étant toujours dehors, je lui fais signe que nous déplaçons la voiture de l’autre côté du petit îlot de dunes formant une sorte de croissant, pour aller nous abriter dans son creux, entre de petits bancs de sable.

Nous installons le bivouac : tentes, tapis, lumières, réchaud, nourriture, eau… J’aime ces ambiances de campements sauvages, petits oasis confortables dans l’obscurité nocturne et la vacuité impitoyable du désert. Alors que nous mangeons, le vent s’est levé et hulule étrangement sur les petites crêtes qui nous protègent.

La voie lactée scintille dans une atmosphère embrumée par le sable que soufflent les rafales. Je marche au hasard à l’écart du camp, fasciné par la lumière zodiacale qui illumine l’ouest, et découvre un nouveau squelette gisant en silence dans la nuit.

“Le désert est un endroit fracassé où vivent le vent, le sable et les étoiles. Rien d’autre n’y est le bienvenu.”

Jamal Mahjoub, La Navigation du Faiseur de Pluie

Nous trouvons le sommeil dans l’obscurité du désert, bercés par les ondulations des toiles de nos tentes. Hormis le sifflement du vent, le silence est total. Demain, notre exploration se poursuivra ; et dans quelques jours, nous contemplerons un croissant solaire se lever sur l’horizon.


Partie 2/2


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