2015 – 2016 | États-Unis, Canada
Double ligne jaune vif tranchant l’anthracite, traçant droit vers l’horizon ; milliers de segments discontinus imprimant leur rythme imperturbable ; courbes allongées, lacets serrés, droites interminables ; asphalte lisse, terre battue et macadam usé…
La Route, brute, mythe moderne de l’Ouest, s’étire inlassablement à travers les étendues nord-américaines.
Striée de gomme de pneus, couverte d’hydrocarbures, jonchée de bris de verre et fragments de métal ; ponctuée de villes-carrefour, croisée par les rails des transcontinentaux, filant au cœur de territoires oubliés ; elle constitue un monument abstrait : celui du voyageur errant.
Le road trip, comme approche du voyage, est quelque chose de résolument ancré dans la culture nord-américaine. Parcourir d’immenses distances par les routes, traverser grandes plaines, montagnes et déserts ; croisant ça et là quelques villes solitaires, oasis isolés perdus au cœur de l’Amérique profonde. C’est l’une des façons les plus immersives de découvrir ce vaste continent.
Au cours de plusieurs voyages, j’ai réalisé cette série en essayant de retranscrire différents visages de la Route, imprégné d’influences culturelles et artistiques variées. Parmi eux, les road movies et la musique des années 1960 et 1970 ; différentes œuvres de Jack Kerouac – dont, bien sûr, la version originale de « Sur la Route » ; mais aussi de nombreux photographes comme Stephen Shore, William Eggleston ou Joel Sternfeld.